chadia et abdelhalim |
Actrice égyptienne, de son vrai nom Fatima kamal Chakir, née en 1931. Elle était la benjamine d’une fratrie de cinq enfants. Son père était ingénieur agricole et travaillait dans une des exploitations royales.
En 1946, les deux grands réalisateurs de l’époque, Ali Badrakhane et Ahmad Kamil, avaient organisé un concours de chant et de comédie dans le but de repérer et de recruter de nouveaux talents et visages pour leurs films. La prestation de Chadia avait déplus à Ahmad Kamil mais pas à Ali Badrakhane. Ce dernier va la présenter à un autre réalisateur Hilmy Rafla, qui va la prendre en charge artistiquement. Il lui donnera son surnom Chadia. Il va ainsi lui permettre d’interpréter un petit rôle dans son film " Des fleurs et des épines". Dans ce film elle va se démarquer par son style particulier. Son air à la fois enfantin, angélique et malicieux représentera parfaitement l’adolescente typique, avec ses caprices, ses doutes et ses passions. Elle va endosser son premier rôle en tant qu’héroïne avec l’acteur Ahmad Fawzi en 1947.
Cette même année, elle va faire connaissance avec une des stars de l’époque Kamal El-Chanaoui. Ensemble ils vont tourner plus de 25 films. Ils vont constituer à eux deux une sorte de grand et célèbre duo cinématographique.
Elle va par la suite enchainer rapidement plusieurs rôles principaux. Elle va atteindre l’interprétation de treize films uniquement durant l’année 1952, ce qui revenait à tourner chaque mois dans un nouveau film. La même année, elle va faire une autre grande rencontre, celle avec l’une des figures incontournable du cinéma de l’époque, Imad Hamdi. Ils vont tourner successivement ensemble plusieurs films dont " Plus fort que l’amour " (Akoua min El-Houb) et "Une nuit de ma vie " (layla min hayati) en 1954.
Elle va poursuivre et interprétera davantage des rôles plus complexes, comme dans le film " La femme inconnue ", (Imra’a majhoula) où elle jouera plusieurs étapes de la vie du personnage central : adolescente humble, jeune femme amoureuse et mère aimante, femme désespérée et alcoolique, enfin, celui d’une vieille femme misérable, solitaire et meurtri. Le casting du film fut impressionnant. Dans cette production elle partagera l’affiche avec plusieurs grands acteurs de l’époque,Imad Hamdi, Kamal El Chanaoui, Choukri Sarhan, Soheir El Babili et Zahrat El-Oula..
Les années soixante vont confirmer son professionnalisme et son talent. En effet, elle variera les personnages qu’elle incarnera, puisqu’elle excella autant dans des rôles dramatiques que comiques.
Elle tournera plusieurs films avec son mari de l'époque Salah Dhoul-Fikar. Au début des années 70, elle interprètera encore quelques rôles avant de quitter complètement la scène. Elle revint durant les années quatre-vingt pour tourner son dernier film "Ne me demandez pas qui je suis" (La tasalouni men Ana) en 1984. Elle y jouera le rôle d’une mère pauvre et sans ressources, qui devra abandonner un de ses enfants pour le confier à une femme riche.
Elle va interpréter brillamment aussi une pièce de théâtre, "Raya et Skina" du genre comique, en duo avec l’actrice Soheir El-Babili, alors même que le sujet traitait plutôt de sujets dramatiques et sociaux. Pour rappel l’histoire de Raya et Skina s’inspire de faits réelles concernant deux sœurs ayant défrayé la chronique les années vingt après avoir commis des meurtres en série à Alexandrie.
Ce fut alors les dernières apparitions de Chadia à l’écran et en public puisqu’elle se retira définitivement du monde artistique après cet évènement.
Sur un plan personnel
Chadia va se marier en 1953 avec l’acteur Imad Hamdi qui dut divorcer de sa première femme pour l’épouser. Une différence d'âge importante séparait le couple, puisqu’elle n’avait que vingt-trois ans quand Imad Hamdi en était à ses quarante-quatre ans. Leur union ne durera que trois années. Leur divorce fut d’un commun accord, ils garderont des relations cordiales et professionnelles par la suite. Elle fera entre temps plusieurs rencontres amoureuses. On retiendra surtout sa relation avec Farid El-Atrach. Mais Chadia en pleine gloire et devenue une des stars en Egypte ne songeait guère encore à fonder un foyer. Ce n’est qu’en 1965, après une histoire d’amour passionnelle, qu’elle épousera l’acteur Salah Dhoul-Fikar avec qui elle jouera la plus part de ses films durant les années soixante. Ils divorceront en 1972. Malgré son désir d’enfant l'actrice ne réussira pas à en avoir. Mais elle put retrouver ce rôle de mère qu’elle a tant espéré auprès de son neveu. La mère de ce dernier qui était d’origine turc, était repartie dans son pays après son divorce du frère de Chadia. A l’approche de la cinquantaine, Chadia décidera de mettre fin à sa carrière. La star des deux dernières décennies, ne pouvait encore rester la première de l’affiche longtemps. D’ailleurs elle avait bien avoué plus tard que sa retraite anticipée était due au fait qu’elle désirait que son public garde d’elle son image de ses années de gloire. Elle admit qu’elle refuserait de finir par ne tourner, comme l’ont fait d’autres actrices de sa génération, que des rôles de mères à l’écran. On peut néanmoins supposer que la décision de Chadia d’interrompre brutalement sa carrière fut certainement motivée aussi par son état de santé. L’actrice avait appris la gravité de son état quand on lui diagnostiquera une tumeur maligne. Néanmoins, elle réussit à vaincre son cancer après une lourde médication et une intervention chirurgicale. Après un regain de religiosité, Chadia va se voiler après avoir accompli le pèlerinage. Depuis elle évite les médias et les apparitions publiques
Chadia porte le nom même du «Chadw» ou (tarab). Sa voix est suave et entraînante, légère comme le vent du printemps et pure comme l’eau de roche. Elle n’a peut-être jamais prétendu à un strapontin dans le cercle fermé des divas, genre Oum Kalthoum, Abdelwaheb ou Férid, mais cette insouciance n’en rend que plus croustillant et populaire son art. Qoulou li eïn échams ma tehmachi avait fredonné Chadia. Eh bien, sa supplique a fini en tout cas par nous réchauffer le cœur et enivrer l’âme.
Avec cette héritière du chant léger, doublée d’une actrice très douée, on ne s’ennuie presque jamais. «La ya si Ahmed, la ya Hamada», le style appartient aux sixties ou seventies, aux années 1960 et 1970 où le romantisme amusait beaucoup plus qu’il ne faisait sangloter.
En vertu d’une atmosphère féconde de créativité fabuleuse dans le chant et au septième art qui faisaient alors cause commune, l’un donnant une énergique impulsion à l’autre.
Qui est Chadia ?
Chadia a offert, quarante ans durant, le droit au rêve aux mélomanes et aux férus de cinéma du monde arabe.
De son vrai nom Fatma Ahmed Kamel Chaker, Chadia est née le 8 novembre 1928 à Anjas dans la région Al Hilmia el jadida d’un père égyptien et d’une mère d’origine turque.
Chadia est la 4e fille de l’ingénieur agricole Ahmed Kamel Chaker. Fatma (de son vrai nom) avait pris l’habitude d’aller couramment visiter sa voisine, madame Kikmet qui était enseignante de musique à l’école Aziz pour y jouer du piano.
Elle a ensuite fréquenté l’école d’Al Hilmia El Jadida, avant d’y obtenir le certificat d’études primaires en 1945.
Chadia a scellé son destin un 13 mai 1947, lorsqu’elle s’était présentée à un casting pour le choix de nouvelles figures pour les besoins du 7e art. Accompagnée de sa sœur Afef Chaker, elle a réussi à être admise aux côtés de l’acteur Kamel Chennaoui. En revanche, sa sœur échouera à ce concours. Tout de suite, le réalisateur Ahmed Badrakhane lui a fait signer un premier contrat de cinq ans,avec un salaire mensuel de 25 livres.
Malheureusement, Badrakhane demeura de longs mois sans exécuter le moindre long métrage.
Chadia trouvera la chance, plutôt avec un autre réalisateur non moins influent, Helmi Rafla, qui cherchait une figure féminine pour accompagner Mohamed Fawzi dans son film Al aql fi ijaza (l’esprit au repos).
Le réalisateur Ahmed Badrakhane l’a vivement recommandée auprès de Helmi Rafla, en vantant sa beauté, son charme naturel et sa voix suave. C’est ainsi que Rafla l’avait surnommée Chadia, s’en tenant aux témoignages favorables du chanteur Mohamed Fawzi et du comédien Abdelwareth Asr qui a avoué s’être entiché de son timbre de jeune chanteuse. Résultat : Helmi Rafla lui fait signer un nouveau contrat d’une valeur de 150 livres par mois.
Avec les plus grands artistes
Son premier jour de tournage, elle a été surprise de voir les plus grands artistes de l’époque (Mohamed Fawzi, Leïla Fawzi, Bichara Wékim et Ferdaous Mohamed) venus beaucoup plus tôt qu’elle sur le plateau. Cela allait-il la marquer ou la crisper? Oh, que non, son tempérament est si léger, nonchalant et détendu qu’elle joua son rôle avec maestria…
Avec elle, le réalisateur n’eut jamais besoin de lui demander de reprendre la séquence… C’était en 1947.
La dame inconnue
En 1959, l’astre de Chadia atteindra le firmament grâce au rôle qu’elle joua dans le fil Al mar’â al majhoula (La femme inconnue) de Mahmoud Dhoulfikar, interprété aux côtés de Imad Hamdi, Kamel Chennaoui et Chokri Sarhane… Une date marquante dans son parcours d’artiste talentueuse. Dix ans auparavant, Chadia avait déjà tenu le premier rôle dans trois films Arrouh wal jassad (L’âme et le corps) de Helmy Rafla et Leïlet el aïd (La nuit de l’Aïd) de Helmy Rafla, les deux en 1949 et Kalam ennas (Les racontars des gens) de Hassen Helmy, la même année donc.
110 films variés !
Chadia a interprété les rôles les plus variés dans la bagatelle de 110 films, à une moyenne ahurissante de cinq films par an.
Son premier film tourné en 1947 s’intitule El aql fi igaza, le dernier La tassalni man ana a clôturé sa filmographie en 1984.
La vedette prolifique répondait parfaitement au profil recherché par le cinéma de l’époque : celui d’un visage doux, attrayant et sympathique; ensuite une voix légère qui savait tout à la fois exprimer spontanément le bonheur et la joie de vivre, ou encore la douleur et la souffrance des épreuves de l’existence. Avec le grand chanteur Mohamed Fawzi, elle a interprété plusieurs rôles dans des films à chants dont Arrouh wal jassed, avec Ibrahim Hamouda, Kalam ennas, avec Abdelaziz Mahmoud, Saâ li qalbeq (Une heure pour ton cœur) de Hassen El Imam en 1950.
Autre date marquante, elle partagea le premier film d’Abdelhalim Hafez Lahn el wafa (Le chant de fidélité) d’Ibrahim Amara en 1955.
Elle jouera également aux côtés de Férid Latrache Wadaât hobek le 29 octobre 1956 et Enta habibi le 16 avril 1957.
Avec les textes de Néjib Mahfoudh
Chadia présentera plusieurs productions au rire décapant et à l’humour étonnant aux côtés d’Ismaïl Yassine et Mahmoud Choukoukou dont Ihna éthalatha (Nous trois).
Elle a joué au cinéma avec Kamel Chennaoui, Imed Hamdi, Rochdy Abadha, Salah Dhoulfikar...
Affinant ses rôles, son talent prendra une autre dimension lorsqu’elle joua des scénarios inspirés du grand romancier Néjib Mahfoudh.
Elle joua le rôle de «Hamida» dans le film Zoukak el Madaq, de Hassen El Imam en 1963, «Nour» dans Allas wel kileb (Le voleur et les chiens) du réalisateur Kamel Es-cheikh en 1963, également «Karima» dans Attariq (La voie) de Houssem Eddine Mostapha en 1964 avec Souad Hosny et Rochdy Abadha et «Zahra» dans Miramar de Kamel Es-cheikh en 1969.
Chadia toucha les sommets dans Chay’on min el khouf (Une once de la peur) de Husseïn Kamel en 1969, interprétant avec une rare virtuosité le rôle de «Fouada», tenant tête à Mahmoud Morsy, un monstre sacré du cinéma égyptien.
Du nouveau genre
Le réalisateur Fatine Abdelwaheb participera à varier le répertoire de la grande actrice en lui confiant des rôles d’un nouveau genre dans Ezzaouja rakm 13 (L’épouse numéro 13) en 1962, Mrati moudir aâm (Ma femme DG) en 1966, Karamatou zaoujati (La dignité de mon épouse) en 1967 et Afrit mrati (Le diable de mon épouse) en 1968.
Pour la dernière fois
Chadia tirera sa révérence en 1986, après plus de quarante ans d’un foisonnant et généreux parcours. Cette année-là, elle monta une dernière fois sur scène pour chanter Khodh aïdïa (Prenez soin de moi), une chanson religieuse.
Son dernier film a été La tassalni man ana (Ne me demandez pas qui suis-je?).
Chadia représenta vingt ans durant le ticket gagnant des réalisateurs de tous bords, se spécialisant dans les duos, dont ceux tenus face à Kamel Chennaoui (près de 21 films ensemble) et Ismaïl Yassine (18 films).
v La «daloua» (l’enfant gâté) du cinéma égyptien a marqué d’une trace indélébile l’histoire du 7e art.
Après sa retraite, contrairement à beaucoup d’artistes, elle ne renia jamais son œuvre artistique, refusant toute démagogie et rejetant toute forme d’intolérance. Chadia nous a transportés de bonheur. Son patrimoine, vivace et éternel, continue de marquer des générations de mélomanes et de cinéphiles aux quatre coins du monde arabe.
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